400 élus FN ont déchiré leur carte et quitté le FN

Marine Le Pen et Le Front National actualités

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Le FN, on l’aime, puis on le quitte. En deux ans, 28% des élus municipaux du FN ont quitté le navire, déchiré leur carte du parti et renoncé à leur mandat. Ils racontent ce qui les a dégoûtés: clientélisme, népotisme, magouilles, mépris de la base et des électeurs, centralisation à outrance, amateurisme, nostalgiques du nazisme.…

Il n’y a pas que chez Fillon, que l’hémorragie s’accélère, mais au FN également et dans le plus grand silence médiatique.
C’est un phénomène politique à lui tout seul et qui n’est pourtant pas beaucoup relayé : l’hémorragie de démissions des élus Front national depuis les municipales de 2014. Pourquoi le parti d’extrême droite, arrivé en tête aux deux dernières élections, voit-il ses élus claquer la porte par centaines ?

Apres avoir remporté plusieurs municipalités lors des municipales de 2014. Marine Le Pen est d’ailleurs déclarée comme “déjà qualifiée” pour le deuxième tour de la présidentielle par les sondeurs et les analystes. Une sorte de plébiscite annoncé. Ce qui n’est par contre pas mis particulièrement en lumière, ce sont les revers internes du FN, peu communs dans le paysage politique français.

400 démissions sur 1500 élus

Le chiffre est impressionnant, puisqu’il représente 28% des élus FN. En deux ans, le parti d’extrême droite a donc vu 400 de ses élus envoyer leur mandat aux orties et quitter le parti. Quelque chose semble ne pas fonctionner correctement au sein du Front national, entre les annonces pré-électorales de campagne, puis la réalité du terrain et la pratique du pouvoir.

Aurélien Colly, journaliste à France Inter a enquêté et interrogé quelques uns des démissionnaires au sein de municipalités, et tenté de comprendre le pourquoi de cette hémorragie d’élus. A Cogolin, dans la baie de Saint-Tropez, dix membres de l’équipe du maire FN, Marc Etienne Lansade, ont quitté le navire. Encore deux qui démissionnent, et il faut organiser un nouveau scrutin…

Le militant local, Anthony Guiraud, qui a fait venir le candidat Lansade devenu maire de Cogolin, ne décolère pas, et explique : ” (…) pas un seul conseil municipal sans un projet immobilier, sans projet de vente, parce que Mr Lansade est en train de dilapider le peu de biens communaux que Cogolin possède. Des conseils municipaux où nous ne sommes pas préparés, il n’y pas de réunions préparatoires. Tout est ficelé d’avance, il faut voter pour. Tout le monde doit dire amen”.  Anthony Guiraut a quitté l’équipe municipale l’année dernière.

Autoritarisme, clientélisme, les accusations à l’encontre de Marc Etienne Lansade ne sont pas isolées et reviennent dans d’autres municipalités où des démissions s’enchaînent. C’est le cas de Marseille, dans le 7ème secteur (composé des 13e et 14e arrondissements, le plus peuplé de la ville avec environ 150.000 habitants), dont le maire, Stéphane Ravier, est surnommé “le dictateur nord-phocéen” : dossiers et validations de vote imposés aux membres, taux de réalisation au plus bas et contrôle total du maire sur… tout et tous.

Romain Tardieu, diplômé de Sciences-Po, raconte la confection des listes électorales “sur un coin de table de cuisine”, parfois “contre la volonté” de certaines personnes, des “tripatouillages des chiffres d’adhésion”, l’”absence de propositions”, et la découverte — plutôt angoissante — de nostalgiques du nazisme.

Du côté du FN, on ne nie pas ces départs mais on les minimise. Il révèle surtout la fébrilité de l’ancrage local dont le FN a fait sa priorité.

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