Le projet du FN déchiffré: “Incompétence, lâcheté, cynisme”

Marine Le Pen et Le Front National actualités

Par LEXPRESS.fr , publié le

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La Vérité sur le programme du Front national (Plon), par Maël de Calan, pointe les effets désastreux qu’auraient les mesures clefs prônées par le parti de Marine Le Pen. Et en dénonce les multiples erreurs, incohérences, “oublis”, mensonges. Extraits.

Les difficultés de la critique

[Le Front national a] produit avant l’élection présidentielle de 2012 deux documents: le projet présidentiel de Marine Le Pen, qui regroupe près de 150 propositions sur 16 pages, et, beaucoup plus imposant, un “Programme politique du Front national”, véritable somme de 106 pages. […] Mais ces nouveaux déguisements cousus à la hâte par Florian Philippot pour faire “comme les autres” ont du mal à tromper leur monde. Tout y est mélangé: le sérieux et l’anecdotique, les considérations générales et les promesses clientélistes. Les contradictions sont partout, parfois au sein d’une même proposition. […]

Cette difficulté est encore renforcée par les revirements du Front national dans le temps. […] Sur la sortie de l’euro […], la peine de mort (Marine Le Pen se contenterait d’un emprisonnement à vie) ou encore les questions sociétales (mariage pour les personnes de même sexe, avortement), les revirements sont légion. Et d’autant plus faciles que, jusqu’à une période récente, personne n’y prêtait beaucoup d’attention. […]

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La deuxième difficulté de l’exercice est liée au mode de construction du programme FN. Avant de formuler la moindre proposition, il est une dénonciation de tout ce qui ne fonctionne pas en France. […] Ces ressorts sont extrêmement puissants et, parmi toutes les stratégies déployées par les partis de gouvernement pour endiguer la montée du FN, la plus mauvaise a probablement consisté à nier ou à relativiser les difficultés ressenties par les Français. Avant de complètement changer de pied sous la pression des réalités, pour affirmer de plus en plus souvent que le FN “apportait de mauvaises réponses à de bonnes questions”. […]

La classe politique aurait dû dire aux Français que la fin des Trente Glorieuses correspondait à la période de rattrapage économique postérieure à la Seconde Guerre mondiale, que nous ne retrouverions plus jamais ces taux de croissance de 4 ou 5%, et que ses ressorts étaient désormais dans nos seules mains, qu’ils dépendaient de notre capacité à travailler, à former, à innover, à investir.

Des propositions contradictoires

[Le programme économique du FN se ressent de ses doutes stratégiques: épouser la contestation sociale des classes populaires, ou, au contraire, celle, poujadiste, des petits entrepreneurs, des artisans et des commerçants?]

En 27 pages, on apprend en effet que le FN est à la fois “pour” les entreprises et “pour” les 35 heures, “pour” la baisse du coût du travail mais “pour” des hausses massives de salaires, “pour” et “contre” les hausses d’impôts, “pour” les grandes en tre prises qu’il faut soutenir dans la mondialisation mais “contre” les grandes entreprises qui écrasent les petites en France, “pour” la concurrence qui fait baisser le prix d’achat des consommateurs mais “contre” la concurrence qui fait baisser le prix de vente des producteurs.

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Ce festival trouve son point d’orgue quand le FN promet aux agriculteurs une augmentation du prix des produits alimentaires (section Agriculture), tout en promettant rigoureusement l’inverse aux consommateurs, 23 pages plus loin (section Pouvoir d’achat). […]

Au milieu de ces propositions apocalyptiques au plan économique et social, la volonté du FN de maintenir les 35 heures passerait presque inaperçue. “Les lois sur le temps de travail hebdomadaire de 35 heures ne seront pas revues, en revanche la renégociation sera autorisée à la condition qu’elle s’accompagne d’une augmentation proportionnelle du salaire.”

L’aventureuse sortie de l’euro

“La France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’arrêt de l’expérience malheureuse de l’euro et le retour bénéfique aux monnaies nationales qui permettra une dévaluation compétitive. […] Il conviendra d’adopter des mesures de contrôle des mouvements de spéculation des capitaux. Les banques de dépôt feront l’objet d’une nationalisation partielle aussi longtemps que nécessaire. […] Une taxation exceptionnelle des actifs extérieurs libellés en euros détenus par les banques sera établie.” […]

Après l’euro et tant qu’à faire, la France sortira aussi de l’Union européenne, bien que Mme Le Pen n’assume pas complètement cette proposition, qui la disqualifierait aux yeux de millions de Français. C’est pourquoi le FN (comme l’extrême gauche en Grèce) tourne autour du pot. Il parle de “renégocier les traités dans le cadre de l’article 50 du traité de l’Union européenne, pour rompre avec la construction européenne dogmatique”… mais oublie de citer cet article 50:

“Tout Etat membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.” […]

[Les arguments anti-euro de Marine Le Pen sont passés au crible: l’euro n’empêche pas d’exporter, puisque la majorité des pays de la zone euro sont en excédent commercial. La France a perdu des parts de marché avec l’Italie et l’Allemagne dont elle partage la monnaie, et la récente baisse de l’euro n’a pas vraiment amélioré la situation économique. Décrivant le plan de sortie de l’euro du FN en 12 étapes, l’auteur détaille les risques d’une “dévaluation compétitive maîtrisée, de l’ordre de 20 à 25%”. (1)]

Le discours de la présidente du front national Marine le Pen le 1er mai 2014 à Paris, devant le slogan "Non à Bruxelles, oui à la France."

Le discours de la présidente du front national Marine le Pen le 1er mai 2014 à Paris, devant le slogan “Non à Bruxelles, oui à la France.”

afp.com/Pierre Andrieu

L’augmentation du prix des importations [conséquence de cette dévaluation] entraînera ainsi une augmentation des prix de vente des entreprises françaises. C’est ainsi que, deux mois après son arrivée au pouvoir, le FN sera parvenu à prélever 125 milliards d’euros aux consommateurs français (25% des 500 milliards d’euros de biens que la France importe chaque année), tout en enclenchant une spirale infla tionniste aux effets imprévisibles. […]

Les ménages qui peuvent retirer leurs économies, les patrimoines les plus importants qui peuvent se relocaliser dans le monde entier, les grandes entreprises, les investisseurs étrangers fuiraient l’Hexagone avant que Mme Le Pen ait le temps d’appliquer la première étape de son fameux “Plan de sortie de l’euro”, pour éviter à la fois la décote de 25% et l’inflation qui suivrait. […]

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Les 2100 milliards de dette que la France a contractés, libellés en euros, doivent être remboursés en euros. De sorte que, si Mme Le Pen rétablissait le franc, avant de lui faire perdre 25% de sa valeur, le montant de notre dette augmenterait instantanément de 25%. D’un coup d’un seul, ce sont près de 525 milliards de dette supplémentaires qui seraient créés! […]

La sortie de l’UE impliquerait le rétablissement entre la France et le reste des pays d’Europe des droits de douane, des certificats, d’une kyrielle de contraintes administratives en tout genre (celles-là mêmes que le FN promet pourtant de réduire dans le cadre d’une “Grande Réforme de la simplification”!). Pour les 120000 entreprises françaises qui exportent et leurs millions de salariés, cela se traduirait par une forte augmentation de leurs coûts et des pertes massives de parts de marché, une chute de nos exportations vers l’UE, aboutissant in fine à des faillites en cascade. […]

La flambée des déficits publics

[Pour financer les dépenses promises, évaluées par le FN lui-même à 165 milliards d’euros, Marine Le Pen a recours à “quatre entourloupes”. Notamment, une fausse évaluation du coût de l’immigration à 70 milliards d’euros. Alléger ce fardeau fictif, comme elle le promet, ne procurerait aucune économie réelle. Elle surestime également les effets de la lutte contre la fraude sociale, et les 32 milliards d’euros qu’elle veut en tirer.]

En conclusion, et sans discuter ni de la faisabilité de la politique proposée par le FN, ni à ce stade de l’évaluation des principales mesures proposées, la simple correction des erreurs les plus grossières aboutit à la disparition de 60 à 80 milliards par an de recettes magiques.

[L’auteur examine alors la sous-estimation du coût réel de nombreuses promesses.]

Le programme politique du FN […] annonce l’augmentation de tous les fonctionnaires: “Le gel des traitements pour tous, petits ou hauts fonctionnaires, est aussi injuste que choquant quand on connaît la faiblesse des traitements réservés au bas de la hiérarchie.” Il précise qu’il s’agira “de différencier les situations dans l’évolution du point d’indice: le point d’indice augmentera plus sensiblement pour les petits salaires de la fonction publique et dans une moindre mesure pour les plus hauts salaires (les hauts fonctionnaires, qui bénéficient de primes, pourront voir leur traitement gelé pendant les premières années du quinquennat)”.

Si Mme Le Pen voulait revenir [à une hausse de 0,9% par an, pratiquée en 2008 et 2009], il en coûterait 1,7 milliard la première année et 8,5 milliards par an au bout de cinq ans. Soit 25 milliards de dette accumulée sur la période, que le FN a omis de compter dans son “chiffrage”.

“La retraite pleine à 40 annuités sera restaurée et l’âge légal de départ en retraite sera ramené à 60 ans.” Fermez le ban. Et sortez vos chéquiers, puisque le coût de cette mesure est estimé à 18 milliards environ par an “Les pensions des anciens combattants seront revalorisées en allouant les crédits disponibles du fait de la baisse du nombre des bénéficiaires”, de même que toutes les pensions de réversion.

“L’âge de la retraite sera abaissé pour les mères ayant élevé au moins trois enfants ou ayant élevé un enfant handicapé”; “Les retraites agricoles seront revalorisées, et leur minimum fixé à 85 % du SMIC”. Surtout, “une cinquième branche du régime général de la Sécurité sociale dédiée à la dépendance sera créée, consistant à permettre la prise en charge collective de la dépendance, sans que le système repose sur des mécanismes assurantiels privés”.

Cette dernière mesure, chiffrée à zéro par le Front national, est potentiellement l’une des plus explosives. Les dépenses liées à la dépendance (partagées entre la solidarité nationale et les ménages) ont été chiffrées par le ministère de la Santé à 28 milliards en 2011, et devraient bondir à 52 milliards à l’horizon 2060. […]

Le FN n’oublie pas d’augmenter un grand nombre de prestations sociales. ou d’en créer de nouvelles. Ce sont d’abord les allocations familiales qui “seront revalorisées et indexées sur le coût de la vie.” […] Leur chiffrage prévoit d’y attribuer 2 milliards d’euros supplémentaires chaque année, ce qui correspond à une hausse de l’ordre de 15%, mais ne permettra certainement pas d’aboutir à l’objectif recherché de couvrir “le coût réel de l’enfant”.

A titre d’exemple, une famille de trois enfants gagnant 60000 euros par an touchera 295 euros par mois avant que le FN n’arrive au pouvoir, et 340 euros après, soit 1350 euros par enfant et par an (à comparer au coût d’un enfant à charge, estimé entre 6000et 8000 euros par an). Aidons le FN à tenir ses promesses: si les allocations familiales devaient couvrir ne serait-ce que 30 à 40% des dépenses supportées par les familles, il faudrait probablement doubler leur montant. Soit 12 milliards de plus chaque année. […]

[Au total, le programme du FN porterait le déficit public à près de 10% du PIB (il s’élève à 3,5% fin 2015) et la dette à 170% du PIB (elle est à 95,7%), compte tenu de l’impact de la dévaluation de 25%. Ainsi, 1515 milliards d’euros s’ajouteraient au stock actuel de 2100 milliards.]

Une politique migratoire irréaliste

La figure de l’immigré présente l’immense avantage pour l’extrême droite d’être à la fois la cause et la solution à tous les problèmes, et constitue en quelque sorte un programme à lui tout seul (dispensant ainsi de réfléchir, ce qui est un exercice toujours fastidieux). […] Naturellement […], il ne s’agit pas de “tomber dans le déni”. Les flux migratoires nous posent de réelles difficultés en termes d’ordre public, et la surreprésentation des étrangers dans la délinquance est un fait reconnu. […]

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Les revendications communautaires de tous ordres heurtent nos valeurs autant que notre culture. L’immigration pèse sur certains budgets d’aide sociale, la fraude et l’assistanat existent, et le marasme du marché du travail ralentit l’intégration des immigrés et de leurs familles. […]

Mais reconnaître et nommer ces difficultés pour les affronter avec détermination et sang-froid est une chose. Prétendre qu’elles constituent le coeur des problèmes du pays et les invoquer avec hystérie en est une autre. Ramener, comme le fait le FN, des problèmes très complexes (le chômage par exemple, qui touche 5,7 millions de personnes) à une explication simpliste (“les immigrés prennent nos emplois”) est tout à la fois une marque d’incompétence, de lâche té et de cynisme. […]

Marine Le Pen le 20 novembre 2015, à Vannes.

Marine Le Pen le 20 novembre 2015, à Vannes.

afp.com/JEAN-SEBASTIEN EVRARD

Le travail, pour garder cet exemple, n’est pas un gâteau à partager, le travail dépend en réalité de la croissance, et s’accroît à mesure que des entreprises investissent, innovent et embauchent. Ainsi, non seulement l’arrivée de nouveaux travailleurs sur le marché du travail ne crée pas nécessairement de chômage […] mais c’est même le contraire qui se produit à moyen terme (la croissance de la population en âge de travailler nourrit la croissance économique). […]

C’est là que, après l’incompétence, intervient la lâcheté: il est tellement plus facile d’expliquer à un chômeur qu’un immigré a volé son travail que de lui dire que tous les acquis sociaux qu’il recherche (CDI difficile à rompre, indemnisation élevée du chômage, RTT et jours de congé) sont en réalité des boulets qui l’entraînent vers le fond! Tellement plus commode de les rendre coupables des déficits que de dire aux Français qu’après avoir vécu quarante ans au-dessus de leurs moyens, il serait temps de se serrer la ceinture. […]

Même si notre système social est dans l’ensemble trop généreux et doit être réformé (2), les différences de niveau de vie entre pays du Sud et du Nord sont telles que des individus décidés à tenter l’aventure auront toujours intérêt à le faire. […]

L’autre grand cheval de bataille du FN, la dénonciation unilatérale de l’accord de Schengen, aboutirait quant à lui à l’exact contraire de l’objectif recherché. […] La France de Mme Le Pen aurait certes repris le “contrôle” de ses frontières, mais se retrouverait seule pour agir. Avec 3000 kilomètres de frontières terrestres avec 8 pays, et près de 4000 kilomètres de littoral impossibles à sur veiller, la France métropolitaine serait en réalité ouverte aux quatre vents. Sauf à consteller nos frontières de miradors et à déployer une chaîne humaine de gendarmes sur 7000 kilo mètres de long, l’isolement que nous propose le FN conduirait en réalité à une explosion de l’immigration clandestine.

[Comment renvoyer 400000 clandestins de manière coercitive? interroge également l’auteur.]

Quels moyens seraient employés par Mme Le Pen? Des trains ou des bus que les démocraties d’Europe ne laisseraient pas circuler? Des milliers d’avions ou de paquebots? Qui aura la charge d’organiser cette expulsion? La police et la gendarmerie? Les maires et les fonctionnaires? Et que fera-t-on si les “pays d’origine” refusent de laisser atterrir les avions ou accoster les paquebots? On parachutera les expulsés? On les abandonnera en pleine mer?

Dangereux renversement d’alliances

[Le FN propose de rompre avec l’Europe, l’Otan (diplomatiquement et militairement) et avec la quasi-totalité de nos accords internationaux (droit d’asile, Convention européenne des droits de l’homme, accords dans tous les domaines – justice, fiscalité, économie, commerce, santé, etc.]

Le renversement d’alliances implique […] un deuxième mouvement: la conclusion d’une nouvelle alliance stratégique avec de nouveaux partenaires. C’est ce que se propose de faire Marine Le Pen avec la Russie, à qui sera proposée “une alliance stratégique poussée, fondée sur un partenariat militaire et énergétique approfondi, le refus de la guerre d’ingérence et le soutien au droit international”.

Il s’agit d’abord, nous dit-on, d’un partenariat militaire. On commencera ainsi par brader les secrets de notre industrie de défense à Vladimir Poutine (“les filières industrielles de la défense seront reconstituées, notamment en coopération avec certains partenaires européens, y compris la Russie”), avant de poursuivre avec notre industrie spatiale (“de nouveaux programmes stratégiques seront lancés, en priorité dans le domaine spatial, dans lequel la coopération franco-russe doit être relancée”). Mais il s’agit également d’un partenariat énergétique.

“Nous sommes dépendants économiquement du gaz algérien […]”, affirme ainsi Marine Le Pen. Cette déclaration est d’abord un mensonge: en 2013, notre gaz naturel provenait d’abord de Norvège (40%), de Russie (20%), des Pays-Bas (16%), puis seulement d’Algérie (12%) ou du Qatar (4%). Elle est surtout ahurissante si l’on considère que le seul pays à avoir utilisé récemment l’arme énergétique à grande échelle pour faire plier des voisins récalcitrants est précisément… la Russie!

Impossible chiffrage

Environ un tiers des engagements de campagne formulés par Marine Le Pen dans son projet en 2012 impliquent directement une distribution d’argent public. […] Le FN fait parfois l’impasse sur des mesures qui pourraient pourtant avoir un impact de grande ampleur sur les finances publiques. Ainsi, en matière agricole, la “mise en place d’une caisse de compensation de la dette paysanne” figure pour zéro dans le chiffrage. […] En matière de politique familiale, “l’abaissement de l’âge de la retraite pour les mères de familles nombreuses ou ayant élevé un enfant handicapé”, “le développement des aides à la garde des enfants” ou de la population par exemple). encore “les aides aux familles pauvres monoparentales” reçoivent le même traitement. Deuxième lacune, les erreurs de chiffrage. […] Des recettes sont affectées plusieurs fois aux mêmes dépenses.

La plupart des dépenses sont massivement sous-évaluées (ainsi, le recrutement de 6000 policiers et 4000 gendarmes est estimé à 273 millions d’euros par an, soit environ les deux tiers du coût réel, et la construction d’un second porte-avions ne coûte que 1,9 milliard, probablement la moitié de son coût réel. […] La dynamique spontanée des dépenses est complètement ignorée (l’augmentation des dépenses de retraite ou de santé, liée au vieillissement de la population par exemple).

Mirage salarial: qui paiera?

Tous les salaires jusqu’à 1500 euros bénéficieront d’une augmentation de 200 euros net. Cette mesure sera notamment financée par l’instauration d’une contribution sociale aux importations de 3% sur la valeur des biens importés.” […] Environ 10 millions de personnes ont un salaire net inférieur à 1500 euros. Mme Le Pen promet donc à 10 millions de personnes une augmentation du salaire mensuel de 200 euros, soit 2400 euros par an, soit un coût global de l’ordre de 25 milliards d’euros chaque année (hors charges sociales).

Comment sont supposés être financés ces 25 milliards? Par une augmentation des droits de douane de 3% […] dont le FN précise qu’elle ne touchera que les importations des pays “qui nous concurrencent de manière déloyale” et pas les importations des pays “qui ont un niveau économique, social et environnemental comparable au nôtre comme l’Allemagne ou les Etats-Unis”.

Or, en 2014, plus de 60% de nos 500 milliards d’importations provenaient de pays “au niveau de développement comparable au nôtre”, ce qui ne laisse qu’une base taxable de 40%, soit 200 milliards tout au plus. La taxe de 3% imaginée par Mme Le Pen aurait ainsi un rendement maximal de 6 milliards d’euros […], ce qui laisse un trou de 19 milliards non financés. […]

Les titres sont de la rédaction de L’Express.

(1) Bernard Monot, chargé de la stratégie économique du FN, retient la fourchette haute de 25% (Challenges, mai 2014).

(2) L’aide médicale d’Etat, notamment, dont le coût a fortement augmenté à plus de 600 millions d’euros.

LA VÉRITÉ SUR LE PROGRAMME DU FRONT NATIONAL, par Maël de Calan. Plon, 256p., 10€.