
Si elle s’est faite entendre pour voter contre le CETA, l’eurodéputée a oublié de se présenter pour voter sur un sujet pourtant central de sa campagne.
PRESIDENTIELLE 2017 – Déjà en délicatesse avec le Parlement européen, qui lui réclame le remboursement des sommes allouées à ses assistants parlementaires, Marine Le Pen est aussi attaquée pour son absentéisme chronique aux sessions de l’Assemblée de Strasbourg. Pourtant bien présente mercredi dernier pour voter contre le traité de libre-échange avec le Canada (Ceta), la candidate du Front national à l’élection présidentielle a brillé par son absence le lendemain lors de l’examen d’un texte qui intéresse pourtant au premier plan sa campagne électorale.
Objectif de ce règlement adopté à une très large majorité des eurodéputés: rendre obligatoire le contrôle et le recoupement des documents d’identité de tout citoyen européen et des étrangers souhaitant entrer ou sortir de l’espace Schengen. Une réforme profonde de l’étanchéité des frontières européennes, que le Front national décrit régulièrement comme des “passoires” (par exemple ici, ici ou encore là), et qui vise “à ériger un puissant bouclier contre le terrorisme en Europe” en interdisant son accès aux combattants étrangers.
Le nouveau système de contrôle doit notamment permettre aux autorités européennes de s’assurer que des personnes ne pénètrent pas sur le territoire communautaire grâce à des papiers volés ou détournés. Les contrôles seront obligatoires à toutes les frontières aériennes, maritimes et terrestres, tant à l’entrée qu’à la sortie.
Un texte qui aurait dû légitimement s’attirer les grâces du Front national qui a fait du contrôle aux frontières et de la maîtrise de la liberté de circulation l’alpha et l’omega de sa stratégie anti-terroriste. Or non seulement Marine Le Pen ne s’est pas présentée au vote mais ses amis présents dans l’hémicycle ont oscillé entre abstention et vote contre, selon le relevé du Lab d’Europe1.
“On vote pour renforcer les frontières européennes et lutter contre la menace terroriste : Mme Le Pen n’est pas là, certains dans sa délégation votent contre, d’autres s’abstiennent. Naïvement, nous avons cru que Schengen et la lutte contre le terrorisme étaient un sujet important pour eux. Mandats fictifs?”, ont ironisé les eurodéputés socialistes français dans un communiqué.