
Non, Marine Le Pen n’est pas féministe, et oui la présidente du Front national “rabote les angles, ravale la façade et modère son discours” pour plaire à l’électorat féminin qui lui fait défaut. C’est ce que faisaient valoir, en septembre 2016, les membres du collectif “droits des femmes contre les extrêmes droites”, en lançant un site internet pour dénoncer le discours de l’extrême droite, alors que la candidate a à nouveau expliqué vouloir défendre “les droits des femmes”, lundi 20 mars, en mettant en contradiction ce concept avec certaines pratiques de l’islam.
Parmi ces “féministes qui ne croient pas à la mutation et à la dédiabolisation de certaines composantes des extrêmes droites”, on retrouve des membres d’Attac, du Collectif national pour les droits des femmes, des Effronté-e-s, d’Ensemble !, d’EELV, d’Osez le féminisme ! ou encore du PCF. “Le collectif se donne pour objectif de dénoncer et décrypter la manière dont les partis d’extrême droite et les mouvements traditionnalistes et familiaristes s’adressent aux femmes, notamment en instrumentalisant au besoin le discours féministe. Nous voulons expliquer en quoi leurs actions et déclarations sont dangereuses pour les droits des femmes” pouvait-on y lire.
Les étrangers, seuls auteurs de violence envers les femmes selon les discours d’extrême droite
Pour cela, les membres du collectif analysent d’anciens discours des dirigeants du parti, sur des thèmes comme l’avortement ou la parité. A propos des violences faites aux femmes, par exemple, le collectif explique que quand les extrêmes droites les dénoncent, “c’est toujours sous l’angle ‘ethnique’, afin d’incriminer les immigrés qui seraient les seuls auteurs de violence”, alors qu’elles “oublient constamment de dire que la majorité des violences sont perpétrées au sein de la famille. Sainte famille qu’elles portent aux nues”.
Ainsi, après les violences perpétrées contre plusieurs femmes à Cologne le 1er janvier 2016, Marine Le Pen avait écrit dans une tribune publiée par l’Opinion : “Que la barbarie puisse s’exercer de nouveau à l’encontre des femmes, du fait d’une politique migratoire insensée, me remplit d’effroi”. “Je pense en revanche très fermement que la France, si elle recouvre sa souveraineté et ses frontières, peut tout à fait juguler cette submersion migratoire et ses diverses conséquences”, continuait-elle, laissant entendre qu’il suffirait de fermer les frontières du pays pour sauver les femmes.
Pour le collectif, qui met également en lumière les politiques mises en place par le parti au niveau local, “les idéologies d’extrême droite reflètent toujours un programme politique qui vise à limiter drastiquement l’avortement, à renvoyer les femmes à la maison, à les empêcher d’acquérir leur autonomie financière”. Par exmeple, le programme du parti prévoit la création d’un salaire parental destiné aux pères, mais surtout aux mères, pour leur permettre de choisir entre l’exercice d’une profession ou l’éducation de leurs enfants. Concernant l’avortement, le programme revendique pour les femmes “le libre choix de ne pas avorter”. “Une meilleure prévention et information sont indispensables, une responsabilisation des parents est nécessaire, la possibilité d’adoption prénatale doit être proposée, une amélioration des prestations familiales pour les familles nombreuses doit être instaurée” lit-on dans le projet complet du Front national.
Les féministes alertent du danger que représente Marine Le Pen, qui “utilise son image prétendument ‘moderne’ dans une visée électoraliste” afin d’atteindre son “seul objectif”, “la conquête du pouvoir”. Surtout, ils veulent “débusquer les mensonges, les contrevérités, les pièges” pour donner aux électeurs les clés pour comprendre ces sujets de société. Selon eux, ces derniers sont influencés par les discours des extrêmes droites, qui “visent à faire croire que les inégalités subies par les femmes se résorberont, par enchantement, avec la fin de l’immigration et leur seul programme nationaliste”.